Dix mois d’emprisonnement avec sursis et mise à l’épreuve, obligation d’indemnisation des victimes et trois ans d’inéligibilité. C’est la peine requise, ce mercredi 6 septembre, par le procureur de la 15e chambre du tribunal correctionnel de Bobigny à l’encontre de Nordine Rahmani, élu d’opposition à la mairie de Montreuil, jugé pour escroquerie.
Un couple de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne), accuse l’ancien président du Comité des citoyens montreuillois (CCM), le microparti de l’ancien maire de Montreuil Jean-Pierre Brard, de lui avoir dérobé 100 000€ en espèces contre un faux chèque. Le couple avait alors tenté de récupérer son argent pendant plusieurs mois, avant de déposer plainte en décembre 2016.
«On devait présenter un chèque d’environ 100000€ au tribunal pour annuler la saisie de notre maison de Villeneuve-Saint-Georges (Val-de-Marne) », explique Aziz*. En difficulté financière, le couple n’est pas en capacité de présenter une telle pièce.
Sans que l’on sache précisément si un arrangement a été conclu auparavant, ils vendent une maison au Maroc et réunissent la somme en espèces qu’ils affirment avoir ensuite remise à Nordine Rahmani en échange d’un chèque. Le couple connaissait Nordine Rahmani depuis un an et ce dernier leur aurait affirmé « avoir besoin de liquidités ».
« C’est faux. Je ne demandais aucune compensation et je n’ai jamais reçu d’argent en liquide », a assuré l’élu à la barre, jouant la carte de « la philanthropie » et arguant que ce chèque, non signé, était « un geste en adéquation avec (son) rôle d’élu ».
« Le but était de gagner du temps et éviter la saisie immobilière de la maison du couple », proclame-t-il. Son avocat s’est évertué tout au long de sa plaidoirie à dresser le portrait d’un «Robin des bois des temps modernes », soulignant, « l’absence d’une preuve de remise d’argent en liquide ».
« Depuis quand un chèque non signé permet-il de gagner du temps et à quel moment un élu est-il amené à intervenir dans un litige privé, qui plus est en dehors de sa circonscription ? », a fait remarquer, interloqué, le procureur, invitant Nordine Rahmani à « réfléchir à ses fonctions d’élu ».
Le jugement a été mis en délibéré au mardi 26 septembre.
* Le prénom a été modifié.
leparisien.fr